Les cours d’eau à deux niveaux sont composés d’un chenal principal (premier niveau) entouré d’une petite plaine inondable (deuxième niveau). Cette configuration, inspirée des cours d’eau en milieu naturel, concentre l’écoulement à l’étiage et dissipe l’énergie lors des crues.
La majorité des cours d’eau urbains et agricoles québécois a été modifiée afin de permettre l’occupation des terres riveraines : remblayage de la plaine inondable et de méandres, linéarisation, élargissement et/ou creusage du chenal d’écoulement. Il en résulte des cours d’eau profonds en forme de trapèze. Les cours d’eau à deux niveaux offrent une alternative à cette géométrie classique, présentant divers avantages :
Les principales contraintes à leur mise en place concernent l’élargissement de l’emprise du cours d’eau (nécessaire dans le cas d’excavation d’une plaine inondable), les sorties de drain parfois trop profondes, ainsi que les coûts additionnels de conception et construction.
Technique d’intervention | Méthode | Contextes possibles | Conditions nécessaires |
Excavation de plaines | -Excavation de petites plaines le long des berges de chaque côté du cours d’eau | -Cours d’eau en équilibre (stable)
-Érosion latérale -Problématique d’inondations |
-Espace disponible |
Aménagement de banquettes | -Retrait des sédiments accumulés sur le lit
-Ajout de matériaux de manière à former un chenal plus étroit |
-Chenal large, eau stagnante
-Problématique d’accumulation sédimentaire et de colonisation par la végétation. -Drains bouchés |
-Énergie (pente et débit) suffisante pour le transit sédimentaire
-Largeur aménagée trop grande pour la capacité naturelle |
Curage central | -Excavation d’un chenal dans les sédiments accumulés sur le lit | -Chenal large, eau stagnante
– Problématique d’accumulation sédimentaire et de colonisation par la végétation. -Drains bouchés
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-Énergie (pente et débit) suffisante pour le transit sédimentaire
-Bonne cohésion des sédiments accumulés -Largeur aménagée trop grande pour la capacité naturelle |
Dans le cas d’excavation de plaines, la largeur totale recommandée correspond normalement à 3 à 5 fois la largeur actuelle du chenal, mais elle pourrait être supérieure si l’espace est disponible. Le chenal d’écoulement (premier niveau) demeure normalement intouché lors de l’excavation.
Dans les cas de l’aménagement de banquettes et du curage central, les dimensions du chenal d’écoulement peuvent être déterminées à partir de cours d’eau de référence, présentant des dimensions naturellement ajustées à leur environnement. Des équations de géométrie hydraulique régionale peuvent être utilisées pour faciliter cette démarche (voir Leduc et Roy, 1990 ; Paradis et Biron, 2017 ; Boulet et collab., 2023).
Le choix du type de matériau pour les banquettes doit être basé sur l’objectif d’obtenir un chenal d’écoulement dynamique (mobile) ou fixe.
Des plans et devis signés par un membre de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) sont nécessaires pour la construction d’un cours d’eau à deux niveaux.
Des ajustements spontanés dans la morphologie du cours d’eau sont à anticiper dans les années suivant les travaux. Bien que ces ajustements ne soient pas en soi problématiques, le ravinement, le colmatage du lit ou l’érosion généralisée ne sont pas souhaitables et peuvent nécessiter des corrections.
Enfin, une attention particulière doit être portée à l’état de la végétation. Selon les crues ou les sécheresses ayant affecté le cours d’eau, des végétaux pourraient devoir être réimplantés.
Félix Riopel, Sylvio Demers et Louis-Gabriel Pouliot
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