Guide sur la restauration des cours d’eau

Méthodes alternatives à l'entretien des cours d’eau au Québec

L’approche hybride présentée dans les tableaux 1 et 2 n’est pas une méthode formelle, mais plutôt le reflet de la réalité vécue par les acteurs impliqués dans les projets en milieu hydrique, dans un contexte de transition. Héritée de plusieurs décennies d’aménagements fondés sur le contrôle des processus, cette approche intègre progressivement les principes de l’approche par processus dans la conception des projets. Elle cherche à concilier deux visions parfois opposées : d’un côté, la gestion des risques fluviaux par le contrôle des processus (fixes et prévisibles), et de l’autre, une conception souple, appuyée sur une compréhension approfondie des dynamiques hydrosédimentaires dans le temps.

Cette approche intermédiaire impose toutefois des attentes élevées pour obtenir les autorisations nécessaires auprès des autorités gouvernementales et municipales, notamment :

  1. Démontrer que les risques liés aux aléas fluviaux sont atténués, voire éliminés ;
  2. Prouver que le projet fondé sur les processus est un succès et fonctionne dès sa mise en œuvre (ou presque).

Au centre de ces considérations, la séquence des décisions entre l’idée initiale et la réalisation concrète peut figer les concepts dans le temps et dans l’espace, malgré une intention de départ plus souple et adaptative.

Les critères de succès sont largement hérités de l’approche de contrôle des processus, où les aménagements sont fixes, stables et hautement prévisibles. À l’inverse, les projets fondés sur les processus sont, par nature, évolutifs, dynamiques et soumis à une certaine incertitude. Il est donc essentiel de redéfinir la notion de succès pour ces projets, en tenant compte de leur caractère adaptatif et de leur trajectoire évolutive.

Comparer les risques, les limites, les coûts et les bénéfices des différentes approches (traditionnelle, processus, hybride) pour un même site à restaurer et faire un choix collectif peut aider à concilier les visions, établir des attentes réalistes et à favoriser le partage des risques.