Guide sur la restauration des cours d’eau

Méthodes alternatives à l'entretien des cours d’eau au Québec

L’approche fondée sur les processus propose de restaurer les milieux hydriques en misant sur leur capacité naturelle d’évolution et d’autorégulation, plutôt que sur des structures fixes et contrôlantes. Elle implique d’assumer que restaurer les processus naturels peut nécessiter des interventions ciblées, mais toujours fondées sur une compréhension fine du contexte et des dynamiques en place.

La transition de paradigme

Les projets de (re)naturalisation, de restauration et les solutions basées sur la nature reposent sur une approche qui place les processus naturels (hydrologiques, géologiques, géomorphologiques et biologiques) au cœur de la conception. L’objectif est de réaliser des aménagements durables, idéalement autonomes, qui minimisent les interventions à long terme. Cette approche fondée sur les processus reconnaît que les milieux naturels (dont les milieux hydriques et les milieux humides riverains) offrent des services écosystémiques essentiels lorsqu’ils fonctionnent de manière optimale.

Cette approche par processus contraste avec l’approche traditionnelle, axée sur le contrôle des processus. Actuellement l’approche traditionnelle repose principalement sur des techniques et des infrastructures d’ingénierie fixes, stables et peu résilientes. Ces interventions et infrastructures, souvent incompatibles avec la nature dynamique de certains cours d’eau, peuvent impliquer un risque accru de défaillance et des coûts d’entretiens élevés.

Ce nouveau paradigme en matière d’aménagements de cours d’eau est en cours de déploiement au Québec. Cette transition a des répercussions sur la conception et la réalisation des projets en milieux hydriques.

Vers une approche pleinement assumée

La transition de l’approche de contrôle des processus et celle fondée sur les processus se heurte à divers préjugés et biais. Sans en dresser une liste exhaustive, l’un des obstacles majeurs réside dans une apparente contradiction dans l’approche par processus, qui préconise de laisser le cours d’eau s’autoréparer sans intervention significative.

Bien que cette philosophie vise bien à rompre avec le cycle des interventions répétées et à limiter l’interventionnisme propre à l’approche de contrôle, elle peut paradoxalement susciter une hésitation à proposer des projets nécessitant des travaux initiaux d’envergure.

Il est important de noter que, dans certains cas, les transformations massives imposées aux cours d’eau par le passé – linéarisation, comblement, dragage, endiguement – justifient des interventions correctives pour restaurer leur fonctionnement naturel. L’essentiel est l’intervention initiale est justifiée, adaptée au contexte et fondée sur une compréhension approfondie des processus hydrosédimentaires propres à chaque cours d’eau.

L’enjeu consiste donc à assumer pleinement l’approche fondée sur les processus, en reconnaissant qu’elle ne signifie ni l’absence d’intervention ni la systématisation des travaux, mais plutôt une réflexion rigoureuse et contextuelle sur la meilleure manière de rétablir la dynamique naturelle des milieux hydriques.