Guide sur la restauration des cours d’eau

Méthodes alternatives à l'entretien des cours d’eau au Québec

Deux aspects majeurs permettent de limiter les incertitudes associées aux projets fondés sur les processus :

Connaissance approfondie des dynamiques du cours d’eau

Avant la conception du projet, il est crucial de récolter, colliger et analyser des données de qualité à l’aider d’une approche pluridisciplinaire. Cette analyse permet de documenter les processus actifs, de mieux anticiper les dynamiques futures et de fonder le projet sur une compréhension fine du comportement du cours d’eau.

Dans les projets fondés sur le contrôle des processus, une telle compréhension, bien qu’utile pour optimiser les coûts et la durabilité des ouvrages, n’est pas jugée indispensable. En effet, l’incertitude peut être compensée par une approche conservatrice, notamment en surdimensionnant les infrastructures pour garantir leur stabilité.

À l’inverse, dans une approche fondée sur les processus, cette stratégie est contre-productive : surdimensionner revient à contraindre les dynamiques naturelles, compromettant ainsi les objectifs de restauration. La qualité des connaissances sur les processus hydrosédimentaires devient donc fondamentale, tout comme la capacité à anticiper l’évolution morphologique attendue à la suite des interventions.

Cela implique souvent un investissement plus important en amont, notamment pour les études de diagnostic, mais ces coûts sont justifiés par la nécessité de poser des bases solides pour la conception et d’établir des critères de succès réalistes.

Une planification intégrant des ajustements post-réalisation

Dans les projets fondés sur les processus, la possibilité d’ajuster les interventions après la mise en œuvre n’est pas une exception : elle est au cœur de la stratégie.

Dans le paradigme de contrôle basé sur les processus, toute modification post-réalisation est généralement perçue comme un échec, car le projet est conçu pour être stable, fixe, prévisible et pleinement fonctionnel dès son achèvement.

En revanche, les projets basés sur les processus adoptent une démarche adaptative et itérative, où les ajustements font partie intégrante du cycle de projet. C’est une composante clé du succès.

Ces projets adoptent une approche itérative, où les interventions sont affinées en fonction de la réponse du milieu après la mise en œuvre initiale. Avec cette approche, la définition des cibles de succès et l’élaboration d’un plan de suivi structuré permettant d’observer la réponse du milieu doivent impérativement faire partie de la conception du projet (voir SUIVI).

Ainsi, les coûts post-réalisation ne sont pas des dépenses imprévues, mais font partie intégrante du cycle de vie du projet. À la différence des d’ingénierie traditionnelle, ils ne visent ni l’entretien ni le remplacement de structures fixes, mais bien l’accompagnement de la réponse naturelle du milieu. À moyen terme, cette approche peut s’avérer économiquement avantageuse à l’échelle du projet.